Le nombre d’entreprises zombies multiplié par 4 en 30 ans
Publié le 5.9.2020 à 17:36, modifié le 5.9.2020 à 17:36
Le nombre d’entreprises zombies a considérablement grimpé depuis 1985. Les mesures de soutien face à la crise du coronavirus font craindre une nouvelle augmentation de ces entreprises maintenues artificiellement en vie.
>> Dernièrement, le patron de la Deutsche Bank a critiqué les mesures de soutien de l’Allemagne, craignant qu’elles favorisent le développement d’entreprises zombies. En juin dernier, le ministre de l’Economie Bruno Lemaire s’inquiétait aussi du risque que le plan d’urgence puisse soutenir des sociétés déjà trop fragiles.
Entreprise zombie ??? Il s’agit d’entreprises non profitables, qui n’arrivent pas à payer les intérêts de leur dette et sont maintenues artificiellement en vie. La faiblesse des taux d’intérêt depuis plusieurs années favorise leur développement.
Quel est le problème ? Ces entreprises nuisent à la productivité globale de l’économie et accaparent des ressources qui pourraient être distribuées à des structures plus prometteuses.
>> Selon 2 économistes de la Banque des règlements internationaux (BRI), la part des entreprises zombies a grimpé de 4 à 15% entre 1985 et 2017. Leur étude se base sur l’examen des données de 32.000 sociétés non financières cotées de 14 pays développés.
>> La part de zombies avait atteint un pic à 16% en 2010 après la crise financière avant de se tasser quelque peu. Les auteurs notent que la tendance repart à la hausse depuis 2015.
>> L’étude révèle aussi que ces sociétés non viables sont plus petites, moins capitalisées et investissent moins que les autres.
Les pays anglo-saxons sont les plus touchés
>> Le graphique présente l’évolution de la part de zombies dans 8 pays : les 4 qui ont la proportion la plus élevée, les 2 principales économies européennes et les 2 pays présentant le taux le plus faible.
>> Les pays où le taux de sociétés zombies est le plus élevé sont tous anglo-saxons : Canada, Australie, Grande-Bretagne et Etats-Unis. Selon les auteurs, c’est parce qu’il y a plus d’entreprises cotées en Bourse dans ces pays, notamment des PME. Or les petites structures ont plus de chances de devenir des entreprises zombies.
>> Dans les pays d’Europe continentale la proportion est plus mesurée (entre 10 et 15%). Mais la France fait exception avec un taux qui a doublé entre 2008 et 2017 et dépasse désormais 15%.
Les entreprises zombies sont plus nombreuses dans les matières premières
>> Métaux précieux, métaux industriels, pétrole et gaz… les secteurs liés aux matières premières comportent beaucoup plus d’entreprises zombies que les autres. Certains secteurs sont au contraire totalement épargnés : la construction navale, les équipements ferroviaires ou le tabac.
>> Les 5 secteurs pour lesquels la part d’entreprises zombies était la plus forte en 2017 :
- 1. Métaux précieux 46,8%
- 2. Extraction de métaux industriels 45,3%
- 3. Pétrole et gaz naturel 40,9%
- 4. Charbon 40,3%
- 5. Produits pharmaceutiques 29,8%
Quel avenir pour les zombies ? Dans le temps, 25% d’entre elles disparaissent et 60% redeviennent viables, selon l’étude. Toutefois, les chercheurs observent que ces dernières restent toujours plus fragiles et ont de fortes chances de redevenir des zombies.
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