Combien gagnent les auto-entrepreneurs ?
Publié le 30.9.2020 à 15:00, modifié le 12.10.2020 à 18:05
Depuis sa mise en place, le régime de l’auto-entrepreneur (rebaptisé micro-entrepreneur en 2014) connaît un vif succès et dope la création d’entreprises. Mais la plupart du temps, ce statut ne permet pas à lui seul de dégager un revenu suffisant.
1,06 million d’auto-entrepreneur en 2018
>> A fin 2018, le nombre de micro-entrepreneurs actifs s’élevait à 1,06 million, soit 36,7% des travailleurs non salariés (hors agricoles), selon une étude de l’Insee. Les effectifs de travailleurs non salariés ont progressé en 2018 (+3,5%) uniquement grâce à l’envolée du nombre d’auto-entrepreneurs (+14,3%).
>> Depuis son apparition en 2009, ce régime simplifié dope la création d’entreprises. En plus, l’Insee a révélé récemment que les immatriculations de micro-entreprises sont largement sous-évaluées depuis 2015. Exemple en 2019, il y a eu 520.000 créations de micro-entreprises et non 386.000 comme annoncé initialement.
Mais derrière le succès de ce régime, le revenu ne suit pas du tout
>> On ne peut que se réjouir de l’élan entrepreneurial suscité chez les Français par ce régime. Mais aujourd’hui, la quasi-totalité des micro-entrepreneurs ne peuvent pas vivre de cette seule activité.
>> Parmi les 1,06 million d’auto-entrepreneurs économiquement actifs, seuls 10% touchent plus de 1.390€ par mois. C’est un peu plus que le Smic mensuel net (1.219€). La moitié (la médiane) a un revenu mensuel inférieur à 310€, sachant que la moyenne s’établit à 540€. Le revenu d’activité d’un auto-entrepreneur correspond à la rémunération de son activité non salariée moins les cotisations sociales payées.
Repère 1 : le revenu mensuel médian des non-salariés hors micro-entrepreneurs est de 2.580€. Leur revenu moyen s’élève à 3.820€
Le revenu de ¾ des auto-entrepreneurs est inférieur au seuil de pauvreté
>> La dispersion de revenus mensuel des auto-entrepreneurs :
- 10% touchent plus de 1.390€
- 25% touchent plus de 790€
- 50% touchent moins de 310€
- 25% touchent moins de 90€
- 10% touchent moins de 30€
Repère 2 : le seuil de pauvreté en 2018 est de 1.063€ par mois. En France, 9,3 millions de personnes vivent en dessous de ce seuil.
>> Selon l’Insee, la faiblesse de ces revenus provient des plafonds de chiffre d’affaires imposés aux micro-entreprises. D’ailleurs, le revenu moyen a grimpé de 12% en 2018 après le doublement des plafonds au 1er janvier.
>> Le secteur d’activité influe énormément sur le revenu généré comme le montre l’infographie et le tableau suivant. Le rapport entre l’activité qui rapporte le plus (architecture) et celle qui rémunère le moins (entreposage) s’élève à 3,6.
Secteur | Revenu mensuel moyen (en €) |
---|---|
Architecture, ingénierie | 860 |
Activités immobilières | 840 |
Activites financières et d’assurance | 810 |
Conseil de gestion | 760 |
Construction | 730 |
Commerce de gros | 720 |
Information et communication | 650 |
Taxis et VTC | 610 |
Autres activités spécialisées scientifiques et techniques | 590 |
Services administratifs et de soutien aux entreprises | 550 |
Enseignement | 540 |
Autres services de santé et action sociale | 510 |
Hébergement et restauration | 500 |
Commerce et réparation d’automobiles | 480 |
Coiffure et soins de beauté | 470 |
Commerce de détail en magasin | 440 |
Autres services personnels | 420 |
Arts, spectacles et activités récréatives | 400 |
Industrie (hors artisanat commercial) | 350 |
Commerce de détail hors magasin | 250 |
Autres activités de transport et entreposage | 240 |
Que retenir de ce rapport ?
>> Ces chiffres montrent que le micro-entrepreneuriat est idéal pour une activité d’appoint. L’Insee rappelle que 30% des auto-entrepreneurs ont d’ailleurs aussi une activité salariée.
>> La simplicité de ce régime est aussi très utile pour “tester” une activité. Si la réussite est au bout, on peut alors créer une structure plus classique : entreprise individuelle ou SARL. Tout secteur confondu, on observe que le revenu moyen mensuel d’un auto-entrepreneur représente environ 20% de celui obtenu par les non-salariés classiques.
>> Ces chiffres rappellent aussi que le statut de la micro-entreprise n’est pas ouvert aux professions réglementées qui, parmi les non-salariés, rapportent le plus : médecins, avocats, comptables, vétérinaires…