Irlande, Singapour, Suisse, Pays-Bas… les paradis fiscaux préférés des multinationales
Publié le 11.8.2020 à 23:38, modifié le 12.8.2020 à 7:16
En 2017, l’optimisation fiscale des multinationales concernait 741 milliards de dollars de bénéfices délocalisés vers des pays à fiscalité très douce. Le graphique montre comment les paradis fiscaux se partagent cette manne impressionnante. Certains de ces pays collectent l’essentiel de leur impôt grâce à ces profits importés.
Troisième volet consacré à l’optimisation fiscale des multinationales réalisé à partir des travaux du Français Gabriel Zucman et deux autres chercheurs. Après avoir examiné quels pays étaient les principales victimes de l’évasion fiscale et où partaient les bénéfices réalisés en France, voici le classement des principaux paradis fiscaux pour les grandes entreprises.
>> En volume, l’Irlande est de loin le plus important paradis fiscal attirant les bénéfices des multinationales. En 2017, l’île a attiré 126 milliards $ de profits réalisés hors de ses frontières. Singapour et la Suisse sont à égalité avec 98 milliards $ de bénéfices délocalisés.
>> S’agissant de paradis fiscaux, le taux d’imposition des bénéfices des sociétés appliqué est faible, voire nul :
Paradis fiscal | Taux d’imposition des bénéfices délocalisés |
Irlande | 5% |
Singapour | 5% |
Suisse | 8% |
Caraïbes | 0% |
Pays-Bas | 13% |
Autres | 0% |
Luxembourg | 3% |
Puerto Rico | 2% |
Belgique | 19,5% |
Hong Kong | 13% |
Bermudes | 0% |
Malte | 7% |
10,5 milliards $, le gain de l’optimisation fiscale pour les Pays-Bas
>> Le montant des recettes fiscales indues encaissé par ces pays est donc très variable. Avec un taux d’imposition des bénéfices de 13%, les Pays-Bas collectent 10,5 milliards $. En volume, c’est le montant le plus élevé, devant la Suisse (7,8 milliards $) et l’Irlande (6,2 milliards $).
67% de l’impôt sur les sociétés irlandais provient de l’optimisation fiscale
>> Dans certains paradis fiscaux, l’impôt sur les sociétés provenant des bénéfices réalisés dans d’autres pays peut représenter une part majoritaire de la collecte totale. C’est notamment le cas de Malte dont 88% de l’impôt sur les sociétés provient de profits “importés”, ou encore de l’Irlande (67%) et le Luxembourg (58%).