Livret A : la crise renforce l’attrait déjà très marqué des épargnants
Publié le 24.6.2020 à 16:31, modifié le 24.6.2020 à 17:11
Malgré le déconfinement, la collecte du Livret A est restée massive en mai. Absence de produit alternatif, incertitude pour l’avenir, constitution d’une épargne de précaution disponible… tout participe à son succès. Les dépôts à vue suivent le même mouvement.
>> 4 milliards € de collecte nette pour le Livret A en mai 2020, selon la Caisse des dépôts. C’est moins qu’en avril (5,5 milliards €) mais cela reste un niveau très élevé. La collecte nette mensuelle moyenne en 2019 ressortait légèrement au-dessus de 1 milliard €.
>> Depuis le début de l’année, les encours du Livret A ont grimpé de 17,5 milliards €. En 5 mois, c’est nettement plus que sur l’ensemble de 2019 (12,6 milliards €).
>> Sauf retournement de tendance, la collecte nette pourrait dépasser le record de 2012 : 28,2 milliards €. Cette année là, la rémunération du Livret A était de 2,25%.
>> Le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), petit frère du Livret A, suit la même tendance. Déjà 5 milliards € de collecte nette en 2020.
0,5%
>> En février dernier, la rémunération du Livret A est passée de 0,75 à 0,50%. Ce coup de rabot est passé comme une lettre à la poste auprès des épargnants car, depuis, la crise du Covid-19 a surgi.
L’engouement pour le Livret A existait avant le covid, il est exacerbé depuis
>> L’attrait des particuliers pour le Livret A n’est pas nouveau, comme le montre le graphique. Mais la situation reste originale pour un produit d’épargne : son encours continue de progresser alors que sa rémunération tend vers 0 (elle est même déjà nulle en prenant en compte l’inflation).
>> Cela traduit un problème de fond de l’épargne pour les ménages français. Les taux d’intérêt à 0 ont plombé les produits sans risque et même le fonds euro de l’assurance vie, qui peine de plus en plus à séduire. Et l’aversion au risque historiquement élevée ne va pas se réduire en période de crise et d’incertitude. Contexte propice à la constitution d’une épargne de précaution et à la volonté de ne pas bloquer les fonds. Il reste donc les livrets ou, comme cela ne rapporte rien, les dépôts à vue tout simplement.
Les dépôts à vue suivent la même tendance, pas l’assurance vie
>> 27,6 milliards € se sont accumulés sur les comptes courants des ménages en mars et avril, selon la Banque de France.
>> En revanche, la décollecte se poursuit sur l’assurance vie qui enregistre -6,2 milliards de collecte nette entre mars et mai, selon la Fédération française de l’assurance.
Et maintenant ? Tant que la confiance, la croissance, l’emploi… ne sont pas de retour, il est probable que les livrets (faiblement) rémunérés et les dépôts à vue restent des outils privilégiés. Selon une étude de BPCE qui vient juste d’être publiée :
- 49% des Français pensent que la crise liée au Covid-19 peut fragiliser durablement la situation financière du foyer.
- 38% estiment ne pas avoir une épargne de précaution suffisante pour faire face à la crise.
De l’épargne forcée pendant le confinement à l’épargne de précaution face à la crise…